Jour 38: Mardi 30 Septembre la Mina - Zuriza - Izaba
Publié le 5 Novembre 2014
À mon réveil à 7h30 ce 38° jour, mon duvet est trempé. Par crainte d'avoir froid dans ma cabane aux quatre vents, je m'étais enveloppé dans la couverture de survie et la transpiration ne pouvant s'évacuer, la condensation a mouillé copieusement l'enveloppe externe du sac: c'est sûr, je n'ai pas eu froid mais question hygiène, c'est bof!
Alors que je m'affaire pour préparer mon petit déjeuner, voilà qu'un énorme crapaud patibulaire....mais presque traverse paisiblement la pièce et s'engouffre sans crainte dans un trou cendreux du plancher au pied de la cheminée: ambiance!
Je quitte ma cabane providentielle à 8h45; il ne pleut pas mais c'est très couvert.
Il est vrai que plus je me rapproche de l'Océan, plus les conditions météo s'en ressentent....mais n'exagérons rien! Ce n'est pas le GR 10!!
Parvenu à la confluence toute proche, je perds 3/4 d'h à chercher le GR tel qu'il figure sur ma carte. Je dois me rendre à l'évidence, il y a erreur: celui-ci démarre face à la pente au confluent et non plus bas! Je dois revenir sur mes pas tandis que 2 pêcheurs à la mouche préparent leurs attirails.
Arrivent également 2 bergers à la recherche de vaches égarées, qui me confirment la voie à suivre.
Comme dit dans le guide, les marques sont inexistantes dans les pelouses basses et je suis à bonne distance les 2 bergers qui me précèdent et qui m'ont indiqué du doigt la direction approximative du col d'aujourd'hui: .
Le refuge d'O Sabucar n'aurait pas été un choix judicieux pour la nuit: il n'a que des ouvertures sans porte !
Je grimpe dans les pelouses cap au NO, la signalétique étant déficiente, les chevaux prennent le relais et posent eux aussi leurs kerns!
J'oblique ensuite à l'Est pour attaquer le gros de la pente et je suis rapidement doublé par un 3° berger et son chien.
Les derniers mètres du col se font parmi les blocs de roches épars et les iris bleus des montagnes, la terre est toujours aussi vineuse par endroits.
Deux heures se sont écoulées depuis la cabane, je suis à présent à 1964 m au Col de Petraficha.
Une barre de céréales et je bascule sur l'autre versant. Sans transition aucune, on passe du rouge au gris en quelques mètres; fini les grès, revoici les granits.
Sept kilomètres de négatif m'attendent; ça démarre d'éboulis en replats, de blocs en barrancos, un cheminement magnifique et très varié mais pas de tout repos qui longe la majestueuse barrière rocheuse de la Sierra d'Alano: le franchissement de certains barrancos étant très énergivore.
Je rencontre un Espagnol à crête d' Iroquois qui vient de débuter le GR 11. Il en avait marre du boulot et il a tout arrêté pour partir et décompresser enfin. Il va essayer d'aller le plus loin possible; il est conscient de la météo défavorable qui l'attend en Octobre au passage des hautes montagnes et il a prévu les vêtements d'hiver en conséquence. Nous parlons poids du sac et il estime le sien entre 10 et 15 kg ( large fourchette!!)
Sur les crêtes avoisinantes, les bergers en ordre dispersé, cherchent leurs bêtes à tout va, en vain. Je communique avec eux pour prendre part moi aussi à la recherche au cas où....
Je passe devant le refuge de Taxera en bien piteux état
puis j'entrevois le final de pente et le fond de vallée plat proche.
Une seconde construction béton curieuse par sa forme arrondie n'en finit plus de s'effondrer, je rejoins le parc à moutons accessible en voiture par la piste.
Je suis maintenant sur le plat et je longe la Petraficha sur sa rive droite. Deux kms environ me séparent de Zuriza, une mamie au volant s'arrête pour m'éviter cette marche; je décline l'offre poliment, bien décidé à ne pas tricher.
J'arrive au Camping de Zuriza à 13h30: j'ai parcouru 12 km soit une étape complète du topo espagnol.
Le temps se couvre de plus en plus.
Je m'installe en terrasse sous le store pour le pic-nic assorti d'une San Miguel et d'un café alors que la pluie se met à tomber. Une fois de plus, je suis à l'abri au bon moment. À côté de moi, 4 papis âgés ( il y a plus jeune comme papi, je sais de quoi je parle!) dissertent sur l'exactitude des mathématiques!! Vaste sujet au combien passionnant et inattendu en ces lieux mais argumenté de belle manière par l'un d'eux !
Il est 14h30, je pensais poursuivre mais la météo me contraint à changer d'avis. Ils ont des dortoirs disponibles et pas trop chers.
Je patiente donc dans la grande salle qui fait office de bar/restaurant, regardant la télé, lisant les journaux ou étudiant les nombreuses affiches faune et flore collées sur les murs. Je découvre ainsi que je viens de traverser une des zones de présence de l'ours sans le savoir!
Finalement, vers 15h30, la pluie cesse; je décide donc après quelques emplettes à la superette du camp, de poursuivre jusqu'à Izaba.
Encore deux options du GR 11; je choisis la directe sans bosse et plus courte.
À la sortie du camp, la route grimpe sur quelques hectomètres, les derniers d'Aragon. Me voici en Navarre au milieu des vaches pour dix kilomètres de descente.
D'abord dans les bois pentus de résineux où un blaireau apeuré détale en me voyant puis ensuite c'est un faux-plat descendant en vallée du Belabarze.
Le GR est très bien marqué, les poteaux sont entourés de barbelé, bizarre! Et qu'il est agréable de pouvoir marcher normalement sans extension ou acrobatie des membres inférieurs.
Les phasmes géants sont inoffensifs fort heureusement!
La vallée se rétrécit et la trace devient un sentier où je dois me transformer en cow-boy guidant son troupeau: enfin, euh! j'attends que ces dames veuillent bien me libérer le passage en donnant de la voix pour les faire avancer devant moi pendant 5 bonnes minutes.
Je reprends ma vocation première et j'avance maintenant sur une longue piste tandis que des coins de ciel bleu apparaissent de ci de là.
Les poteaux barbelés se généralisent, mais pourquoi diable du barbelé ?
Une petite chapelle bien vieille mérite quelques photos
puis le chemin débouche enfin dans Izaba: un village bien tenu où il doit faire bon vivre:
de belles maisons de pierre serrées dans des ruelles étroites.
Les constructions ne sont pas sans rappeler le pays Basque qui n'est plus très loin.
Je fais un petit tour du village pour repérer un hébergement possible et faire du tourisme du même coup.
Beaucoup de Casas Rurales mais toutes sont fermées. L'auberge et l'hôtel également.
Je fais appel à la population locale, en l'occurence une très gentille dame et son bébé qui spontanément me conduit vers une épicerie qui pourra efficacement me renseigner.
L'épicier se charge de téléphoner lui-même pour m'arranger l'affaire et me donne une adresse: la Casa Mayo.
Toujours aussi serviable, la dame au bébé insiste pour m'y conduire.
J'avoue que je suis touché par tant de gentillesse !
Une espagnole m'accueille grand sourire. C'est un peu cher mais séduit, je prends quand même la 1/2 pension.
Après la douche, je retourne à l'épicerie pour quelques courses puis je vais manger avec la mère et la patronne très bavarde.
Le repas est délicieux et bio de surcroît: crème de courgettes du jardin, lomo, patatas fritas, crema catalana de la casa.
L'ambiance est chaleureuse...même si on y parle guerre civile, Franco....etc...Elle me refile une adresse de Casa Rural pour la prochaine étape.
Je ne fais pas de vieux os, j'ai besoin de repos.....
Aujourd'hui: 23 km Total parcouru: 650 km il m'en reste 155