Jour 44: Lundi 6 Octobre Elizondo - Nabalsa
Publié le 30 Octobre 2014
Je commence à y croire vraiment! Car jusqu'à maintenant, je n'avais pas voulu me laisser aller à un optimisme débordant par peur du mauvais sort!
Là, j'entrevois la fin proche et la proposition de la Bécasse de venir me chercher avec son mari à Irun prend forme depuis hier, malgré mon embarras à les faire déplacer si loin. Après un échange de nombreux sms et devant son insistance croissante, nous avons donc convenu d'une date de "récupération": Jeudi 9 Octobre. Je dispose donc de quatre jours confortables pour boucler à petit rythme les 60 kms me séparant de l'arrivée.
Réveil 8h1/4 mais je dois attendre 9h l'ouverture du Supermarket d'à côté pour ravitailler en fruits secs et autres.
Le départ réel se fait à 9h45 par le retour vers le centre ville pour reprendre le balisage.
De grands panneaux présentent l'étape de manière très claire. Un ou deux giratoires à traverser et me voici dans la campagne pour une première ascension.
Le sentier qui s'élève, se faufile dans des terres rouges très ravinées par les pluies des jours précédents.
Soudain, de curieux morceaux de plastique très nombreux jonchent le sol !! Qu'est-ce donc ?
À y regarder de plus près, c'est plutôt un genre de faïence. Je trouve certains exemplaires entiers cachés dans les ronces
et je comprends rapidement que ce sont des plateaux de ball-trap ( en résine issue du pétrole) localisés sur une centaine de mètres en aval du pas de tir.
Je franchis d'ailleurs le portail indiquant l'activité.
Plus haut, je rencontre deux chevaux immobiles bien décidés à le rester qui m'obligent à descendre un peu dans les ronces du talus pour pouvoir continuer ma route. Prévoyants à mon intention, ils ont cairné le GR !!!
Je débouche sur la route en terrain découvert puis sur une piste pour un franchissement de col. Là aussi, des palombières basiques attendent le passage des migrateurs mais point de chasseur sur les divers postes de cette ligne de feu.
Tiens! l'Auberge d'hier fait sa pub!
Ça se complique pour le final avant le col Achuela mais une fontaine rafraîchissante tombe à point pour me désaltérer.
Tandis que je me rapproche du sommet à 795m, la Patrouille de France semble être passée juste au dessus pour fêter un évènement proche.
J'ai un pressentiment: je vais enfin voir l'Océan.
Midi vingt: bingo !! Au loin, je distingue l'Atlantique et aussi la Rhune montagne mythique dans le coeur des Biarrots ( la photo avec le téléphone montre ici ses limites! )
et ma joie débordante supplante rapidement l'émotion première. Quarante jours que j'attendais cet instant ô combien sublime et m'y voici enfin !
Je reste là comme scotché par la vue et je balance une série de textos pour avertir tout le monde; les réponses ne se font pas attendre et je poursuis plein d'énergie et de bonheur.
En détaillant la plaine Landaise, la Rhune, les villes, les axes de communications bien visibles, je ne peux m'empêcher de penser à la "civilisation", à tout ce que j'ai à faire à mon retour. Moi qui avais la tête vide depuis plus d'un mois et voici que tout à coup, le quotidien me rappelle à l'ordre.
Je poursuis la piste en plein vent qui en filant vers le nord-ouest m'élargit la vision sur la plaine, endroit idéal pour un poste de mitraillage (encore un!)
Les premiers Pottoks se montrent en contrebas, signe qu'on n'est plus très loin du Pays Basque.
Le GR s'étend toujours sur les crêtes arrondies longeant bunkers et palombières. Le moindre petit creux en est pourvu.
Au détour d'un carrefour de chemins, je rencontre Jon qui en est à son avant dernier jour de marche en boucle sur la Ruta de los Contrabandistas.
J'attends de trouver un autre endroit abrité du vent pour manger à mon tour près d'une palombière mêlant parpaings et fougères sèches.
Passent alors deux VTtistes en 29 pouces pas très bavards, obligés de pousser leur monture dans la montée technique.
À la reprise, encore et toujours des postes de chasse à la palombe au moindre espace dégagé entre les arbres.
Une curieuse cabane de chasseurs retient mon attention: elle est bâtie contre une paroi rocheuse en demi-cercle et n'est couverte qu'à moitié pour laisser sortir la fumée de la cheminée ouverte mais il est trop tôt pour m'arrêter.
Je continue la piste, même les moutons s'y mettent pour poser leur cairn !
Le tumulus d'Irazako est signalé mais je n'y vois qu'une très légère bosse recouverte de fougères.
Je croise d'autres Pottoks abrités du vent sous les arbres.
Il est temps de songer à la recherche d'un abri pour la nuit.
Une première cabane dont le toit s'écroule ne fait pas l'affaire.
La seconde est une bergerie ouverte aux quatre vents mais le sol n'est pas très "appétissant".
Une troisième construction toute en longueur sert à la fois de refuge animal et de garage: pas vraiment top !
Au lieu-dit Nabalsa ( une croisée de chemins ) est aménagée une aire de pique-nique agréable sous les arbres. C'est là que je retrouve Jon, le "contrabandista" bien disposé à y bivouaquer cette nuit.
Du coup et vu l'altitude modérée de l'endroit ( 400m environ) je décide de rester en bonne compagnie et de me préparer au bivouac.
Il y a même de l'eau à dispo tout près mais les pluies de ces derniers jours l'ont troublée.
Les derniers rayons de soleil éclairent le ciel.
Vers 20h, les nuages nombreux nous "lâchent" quelques gouttes de pluie, nous poussant vers la tente prématurément.
L'épisode sera de très courte durée (15mn à peine) mais la station couchée étant très confortable et l'herbe épaisse et moelleuse à souhait, ni lui, ni moi, ne nous manifestons pour remettre le nez dehors même s'il fait encore jour.
Aujourd'hui: 19km Total parcouru: 764km Il m'en reste 41 (hé! hé!)