Jour 33: Jeudi 25 Septembre Goriz - San Nicolas de Bujaruelo
Publié le 10 Novembre 2014
C'est le grand jour: la descente dans l'immense Cañon d'Ordesa !!
Et ça va être une première pour moi en trois visites à Goriz.
Je ne peux m'empêcher, pour décrire le phénomène, de reprendre mot à mot le topo de Pierre Macia:
"........l'incroyable cicatrice sur laquelle tout a déjà été dit. Pendant 11 km, le Rio Arazas bondit de cascades en escaliers, en cataractes furieuses et taille sa route entre les falaises de la Cutas, du Tobacor et de Mondaruego. Deux grandes dépressions se raccordent au lit principal du canyon: Cotatuero et Salarous. Ceinturé de murailles ocres, de donjons, de tourelles, de fajas (vires).....Ordesa est.......un immense poème géologique.Comme sur l'ensemble des Pyrénées centrales, l'érosion glaciaire a exécuté son implacable travail de sape. Combiné à une érosion chimique intense, le phénomène a provoqué cette composition particulière de cirques et de vallées glaciaires suspendues. Les plateaux supérieurs extrêmement arides proposent un enchevêtrement de crevasses et de dolines favorisant la circulation des eaux souterraines. Toute l'eau qui tombe est rapidement absorbée par le systême karstique, alors que les fonds de vallées sont couverts par une végétation exubérante où dominent le hêtre et l'épicéa......."
Comme dit précédemment, la nuit fut courte: les premiers levés débarquent dans le réfectoire à 6h15 pour le p'tit déj! Dur!! Je ne traine pas longtemps sur mes 2 banquettes couchages.
Je quitte le Refuge de Goriz un peu avant 8h, plein de punch et d'envie à l'idée de descendre les 14 km de la faille géante.
Je sors du refuge alors que les premiers rayons de soleil illuminent la pointe du Tobacor et le haut des murailles.
La sente file plein sud vers l'entrée du canyon: le cirque de Soaso. La vue est hallucinante ! L'immensité du site prend ici toute sa dimension.
Passé ce rebord vertigineux, le GR11 file sur le travers; une femelle isard et son petit broutent paisiblement sur les talus.
Puis rapidement, on dégringole une série de lacets heurtés très resserrés pour atteindre le bas de ce "bout du monde" où se déverse dans un fracas incessant la Cola de Caballo (queue de cheval). La vue sur les terrasses surplombantes reste à jamais gravée dans la mémoire.
Me voici tout en bas, au pied de la cascade dans cette étendue gigantesque. Depuis le départ, j'ai doublé et croisé plusieurs groupes, le site est d'exception et les visiteurs nombreux !
Après avoir traversé la passerelle, le cheminement se fait à plat sur environ 3 km, tel un insecte vulnérable dans une prairie herbeuse géante, à la merci d'un danger potentiel surgi d'on ne sait où.
Très rapidement, le site est aménagé pour imposer le passage afin de limiter l'érosion.
Sans transition, la zone boisée débute par des sapins. Les premières marches appparaissant, la rivière Arazas bondit de ressauts en cascades toutes plus belles les unes que les autres.
L'entrée rapide dans la forêt de hêtres centenaires marque une nouvelle étape, les cascades avec miradors aménagés se succèdent.
Un regret néanmoins: celui de n'apercevoir que rarement les hautes vires exposées sur les rebords abruptes et élevés de chaque côté du défilé, cachées par la forêt si dense.( faudra revenir un jour pour "vivre" ce cañon depuis les fajas supérieures: faja de Pelay, faja de las Flores, ...)
Je ne tarde pas à rejoindre le parking bondé de la Pradera, non sans avoir doublé ou croisé bon nombre de montagnards, randonneurs, touristes et autres.....Difficile d'arracher un bonjour à certains!!
Un petit tour à la boutique pour l'achat de cartes postales: incroyable! Ils n'ont pas en stock une seule carte valable du site avec vue depuis Goriz. De plus pas de timbre en vente non plus !!
Après la courte pause, je descends quelques mètres sur la route puis je traverse la rivière et me retrouve en rive gauche à l'ombre pour un bon moment: il fait frais mais j'endure....Le sentier suit le cours d'eau à quelques mètres de hauteur.
À plusieurs reprises, je trouve des nids très denses de chanterelles ( comme on les appelle en Aquitaine) ou girollettes (appelation du Roussillon) sur les rebords humides et moussus du sentier mais j'hésite à les récolter malgré les 99.9 % de probabilité qu'elles soient comestibles. En effet, c'est mon ami Daniel qui me les avait fait connaître il y a une quinzaine d'années mais je n'en ai jamais ramassé d'autres depuis, alors à regret, je les laisse sur pied!
Après 5 bonnes heures de marche depuis le refuge, j'arrive au bout du canyon à la confluence de l'Arazas et de l'Ara.
Finie l'ombre fraîche, je fais la pause déjeuner au soleil dans un décor à la Yann Arthus Bertrand.
Je dois ensuite traverser sur passerelle les eaux turquoises de l' Arazas puis celles de l'Ara au pont de Navarros pour gagner sa rive droite afin de le remonter.
La grimpette se fait raide d'emblée au milieu des buis, face à "l'embouchure" du canyon.
Je m'écarte du confluent pour pénétrer dans les Gorges de l'Ara sur un single en balcon très exposé par endroits.
Il redescend ensuite pour changer de rive au pont de Santa Elena.
La remontée de la vallée se poursuit, alternant les parties planes et les tronçons très heurtés qui tantôt s'élèvent, tantôt passent au raz des flots.
Vers 16h30, je peux apercevoir enfin le refuge de Bujaruelo et son pont romain à la forme allongée bien peu commune.
Après les rafraîchissements d'usage en terrasse avec une vue magnifique sur les sommets alentour
je prends la 1/2 pension et je m'installe au dernier étage dans les combles, au fond contre le mur, en compagnie d'autres locataires, sans avoir oublié de passer par la case crocs.
Quel bonheur une douche chaude après deux jours de "macération" !!
Le repas du soir est un régal, partagé à une même table avec un Canarien de Fuertaventura et un Espagnol d'Alcoy ( pays Valencien)
Les chiffres du jour
Aujourd'hui: 23.74 km 7h30 de marche D-:1626m D+: 752m
Total parcouru: 537 km Il m'en reste 268